
La dispersion chez l’accompagné
En tant qu’accompagnant, coach, mentor, thérapeute ou formateur… nous faisons tous le même choix de départ : celui de voir l’autre réussir.
Nous mettons notre énergie, notre présence, notre foi dans le potentiel de la personne que nous accompagnons. Et naturellement, nous avons à cœur de voir les résultats, la transformation, l’alignement, l’atteinte des objectifs. C’est notre moteur. C’est ce qui nous fait vibrer.
Mais aujourd’hui, je veux vous parler de la frustration silencieuse que nous pouvons vivre dans ce métier. Une frustration qui, si elle n’est pas conscientisée, peut entamer notre motivation ou semer le doute.
⚡️ Le cas de figure : un client, plusieurs directions
Je vais vous partager une situation vécue récemment, que je sais ne pas être le seul à traverser.
J’accompagnais un client engagé, motivé en apparence, avec un objectif clair. Ensemble, nous avions défini une direction, mobilisé l’énergie dans un seul et même axe pour favoriser sa réussite. L’espace était posé, la dynamique lancée.
Et puis… en parallèle de cet accompagnement, j’ai découvert que ce même client allait solliciter d’autres avis : Pierre, Paul, Jacques, LinkedIn, les copains, les intuitions changeantes du jour. Résultat : les énergies partent dans tous les sens.
Le focus se dilue.
L’engagement se fragmente.
Et les résultats, bien sûr, ne sont pas au rendez-vous.
Ce genre de situation me fait poser cette question fondamentale :
Sommes-nous là pour laisser expérimenter, quitte à regarder l’échec arriver ? Ou devons-nous poser un cadre plus rigide pour garantir la réussite ?
🎭 Le dilemme intérieur de l’accompagnant
C’est là que naît une tension :
- Si je laisse faire, je respecte l’autonomie, mais je vois la dispersion miner les avancées.
- Si je m’impose comme seul guide, je deviens rigide, et le processus perd en liberté, en ouverture, en authenticité.
Et surtout, dans cette situation, une chose m’est apparue clairement :
On ne peut pas imputer au coach un manque de résultats quand le client dilue son engagement en multipliant les directions.
Ce n’est pas de la mauvaise volonté. Ce n’est même pas un manque de respect.
Souvent, c’est une peur, un besoin de validation externe, une difficulté à se faire confiance.
🔑 La clé : transformer la dispersion en objet d’accompagnement
Voici ce que j’ai appris :
👉 Plutôt que de lutter contre cette dispersion, faisons-en un sujet à part entière de l’accompagnement.
Plutôt que de dire « ne va pas voir ailleurs », je pose cette question :
« Qu’est-ce que tu cherches quand tu demandes autant d’avis extérieurs ? Qu’est-ce que cela dit de ton besoin de clarté ou de sécurité ? »
On ne peut pas empêcher une personne de consulter plusieurs voix.
Mais on peut l’amener à observer les effets concrets de cette fragmentation sur son engagement.
Et parfois, ce seul éclairage permet au client de recentrer son énergie, par choix conscient, et non par contrainte.
🛠 Une piste concrète pour les accompagnants
Voici un outil simple que j’intègre désormais dans mes débuts d’accompagnement :
💬 « Pendant notre travail ensemble, je t’invite à canaliser ton attention sur notre direction commune. Ce n’est pas pour t’enfermer, mais pour t’offrir un cadre clair, un espace protégé, une ligne stable. Tu pourras toujours écouter d’autres avis avant ou après, mais pendant, je t’invite à l’expérience du focus. »
Ce n’est pas une obligation. C’est une invitation à la cohérence, à la présence pleine.
💬 En conclusion
L’accompagnement est un art subtil, où l’on apprend aussi à lâcher le besoin d’être la seule voix entendue.
Mais c’est aussi un espace où nous avons le droit – et peut-être même le devoir – de poser un cadre pour que la transformation ait lieu.
Si tu vis cette même frustration, sache que tu n’es pas seul.
Mais sache aussi que tu n’es pas responsable des choix que ton client fait en dehors du cadre que tu proposes.
Tu offres une boussole.
Tu n’imposes pas une cage.